
Interview de Nayah Cauvin – “Ce qui me plaît dans la perche, c’est la sensation de voler”
- 23 juin
- 3 min de lecture
(Photo Nayah Cauvin)
Vice-championne de France élite cet hiver avec un saut à 4m36, Nayah Cauvin licenciée au club de l’USO Mondeville incarne une génération de perchistes talentueuses, déterminées et passionnées. Rencontre avec une athlète qui a les pieds sur terre… et la tête dans les étoiles.
Comment as-tu découvert le saut à la perche ?
J’ai découvert la perche lors d’un stage benjamine. J’avais déjà des copines qui en faisaient, et un coach m’a proposé d’essayer. Il m’a dit que je me débrouillais bien et que je pouvais revenir sur des séances spécifiques si ça me plaisait. J’ai tenté… et je n’ai jamais arrêté depuis !
Qu’est-ce qui t’a attirée dans cette discipline ?
Se projeter en l’air avec une perche, c’est impressionnant. Et plus j’ai découvert la discipline, plus je l’ai trouvée belle à regarder quand elle est bien réalisée. Je pense que c’est ce mélange d’esthétique et de sensations fortes qui m’a donné envie de continuer.
Qu’est-ce qui est le plus difficile quand on débute ?
Juste courir avec une perche, c’est déjà une galère ! Ce n’est pas du tout naturel, il faut apprendre à courir vite tout en gardant le contrôle. Ensuite, il y a l’impulsion et le placement dans le butoir… C’est un sport où les débuts sont souvent frustrants. Mais si on s’accroche, la progression vient.
Peux-tu nous décrire une séance type d’entraînement ?
Je m’entraîne à la perche deux fois par semaine. En dehors, je fais aussi de la course, de la muscu, de la PPG, et un peu de haies pour travailler la fréquence.
En séance perche, on commence souvent avec des éducatifs sur 4 à 6 foulées : des tombés dos, des sauts sans bras gauche, etc. Ensuite, on augmente le nombre de foulées (8 à 10) pour travailler la technique en se concentrant sur un aspect précis : le bras gauche, l’impulsion, le renversé… Et si la forme est là, on saute sur un élan complet (12 à 14 foulées) pour aller chercher des barres hautes. Mon coach, Franck, utilise parfois un contrehaut à l’impulsion pour faciliter la prise de perches plus dures.
Quel est ton meilleur souvenir en compétition ?
C’était cet hiver à Miramas, quand j’ai franchi 4m36. Ce saut m’a permis de devenir vice-championne de France élite. C’était totalement inattendu, et très fort en émotions, d’autant plus qu’un an plus tôt, je me remettais encore d’une rupture du ligament croisé. C’était une vraie revanche.
Comment gères-tu la pression lors des concours ?
Je ne suis pas de nature très stressée. J’essaie de me rappeler pourquoi je fais ça : parce que j’aime ça. Mon coach me répète souvent qu’il faut que je m’amuse. Je me fixe toujours un objectif, mais pas forcément de performance : ça peut être technique ou mental, comme tenter une perche plus dure ou commencer à une hauteur plus ambitieuse.
As-tu un rituel avant chaque saut ?
Oui ! Avant de partir, je me dis : “Fais ce que tu sais faire, ne réfléchis pas.” Et si je tente une grosse barre, je fixe un point plus haut sur les poteaux que là où est placée la barre. C’est purement mental, mais ça m’aide. Je l’ai fait pour passer 4m36, alors je garde ce petit rituel.
Quelles qualités physiques sont essentielles pour la perche ?
La vitesse ! Les meilleurs perchistes sont ceux qui courent vite. Ça leur permet de prendre des perches plus dures et de monter plus haut. Après, c’est une discipline où chacun a ses forces, donc on peut aussi progresser avec d’autres qualités.
Quel est, selon toi, l’aspect le plus technique du saut ?
Le renversé. Il faut oser passer les épaules et basculer complètement tête en bas, les pieds dans l’axe de la perche. C’est un geste difficile à maîtriser, qui demande de la confiance et beaucoup de travail. C’est sûrement l’un des aspects les plus longs à acquérir.
Julien Forte
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