
Anthony Deroin, de footballeur à homme d’affaires
- 2 sept. 2024
- 4 min de lecture
Grand sourire, à l'aise dans ses baskets, c'est un Anthony Deroin serein et tout en simplicité qui vient à notre rencontre.
Quinze saisons au SM Caen, 406 matchs à son actif, bien connu des supporters, celui qu'on surnomme "Titi" ou "le président" a accepté de répondre à nos questions.
Avec une belle carrière comme la vôtre, comment rebondir lorsque celle-ci prend fin?
C’est difficile de s’imaginer faire autre chose que du football car c’est ma passion et que j’ai eu la chance d’en vivre.
On ne nous prépare pas à ça car on a une carrière tellement rapide que c’est difficile de partir dans des études et de se concentrer sur autre chose.
Je n’étais pas destiné à acheter un magasin de sport, je voulais plutôt partir dans la métallurgie car mon ami et associé maintenant, travaillait dans ce secteur. Étant à l’époque président du club de Rots, je connaissais un peu le milieu car Equip’club nous fournissait nos équipements.
J’ai donc créé ma structure "Deroin Sport" avec mon associé et Gregory Tafforeau qui avait déjà une structure à Lille et j'ai ensuite travaillé depuis mon garage pendant 6 mois avant de racheter le magasin AccardSport afin d'y apposer mon enseigne dessus.
Lors de l’approche d’une fin de carrière, sommes nous accompagnés « psychologiquement » afin de se préparer à un retour dans la vie de « monsieur tout le monde » et dans la réflexion sur son avenir ?
Non du tout, nous sommes livrés à nous même. Quand on est dans ce milieu là, on est intéressant quand on est bon et c’est normal pour les clubs car ont leur rapporte de l’argent.
À mon époque ça l’était moins que maintenant.
En fin de carrière on nous remercie, nous félicite mais après chacun fait sa route. Je comprends aussi les clubs qui ont autre chose à faire que de s’occuper d’un joueur en fin de carrière.

(Photo SM Caen)
Formation à 15 ans au Stade Malherbe, puis la carrière démarre. À cet âge là, compliqué de gérer la pression, la notoriété… Comment réussir à garder la tête sur les épaules ?
Moi ce qui m’a permis de garder la tête sur les épaules c’est mon environnement, ma famille. C’est vrai que moi ça été rapide, je suis arrivé à 15 ans au Stade Malherbe et 4 ans plus tard j’atteins la partie professionnelle. Tout s’enchaîne car dans la même année je passe pro, j’ai mon bac, mon permis et mon appartement. J’ai même eu les sélections en Équipe de France espoirs et si je n'avais pas connu la simplicité de la vie de famille à mes côtés, j’aurai je pense eu tendance à vriller.
Meilleur souvenir de votre carrière ?
J’en ai plusieurs, j’ai tellement vécu de bons moments avec une carrière longue, mais mon premier souvenir reste mon premier match à Gueugnon. Je rentre dans le groupe pro et une semaine après, je me retrouve sur le terrain et tout a été très vite. Mais ce premier match marque quand même les esprits. Après j’ai aussi une finale de Coupe de la Ligue au Stade de France qui était un événement marquant. Mais c'est surtout les moments de vestiaire avec les copains, des moments simples mais qui sont importants pour moi.
Enfin le but face au PSG reste un sacré souvenir puisqu'il marque un tournant dans la fin de ma carrière, me faisant ensuite opérer, je vais avoir beaucoup de mal à revenir.

(Photo SM Caen)
Y a t-il encore aujourd’hui une certaine nostalgie ?
Non pas du tout, j’ai vraiment tout apprécié, du coup je n’ai aucun regret. Après je suis encore dans le football et j’aime les petits moments conviviaux avec les copains, discuter, se chambrer... Après de jouer devant 20 000 personnes à d’Ornano, devant ce public chaleureux sont des choses qui me manquent et que je ne retrouverai jamais.
Vous êtes maintenant investi dans le football au niveau local, qu’avez-vous envie de par votre carrière, d’apporter aux jeunes ?
J'amvais créé avec un ami un club à Rots, j’avais 23 ans, nous n'avions qu’une seule équipe qui a gravi beaucoup d’échelons et en dix ans nous étions plus de 250 licenciés. Après à Rots il y’avait un problème de structure pour pouvoir évoluer et donc nous sommes partis à Villers-Bocage et j’ai refais 10 ans de présidence.
A côté de ça j’ai été coach dans la catégorie de mon fils jusqu’en U13 et je l’ai laissé dans d’autres mains ensuite, préfèrant m’occuper des tout petits. Cette année je m’occupe des U11, je veux les encadrer au mieux afin de leur donner les armes pour bien démarrer leurs vies ainsi que des valeurs comme l'humilité et la rigueur qui me sont importantes. Le foot m’a tellement donné, que je veux rendre de cette façon.
Pensez-vous que votre notoriété est pu être un coup de pouce lors de la création de votre entreprise ?
Oui certainement car j’avais quelques contacts, que je connais pas mal de monde, mais une entreprise ne se fait pas que par un nom, si derrière il n’y a pas la qualité de service, ça tombe à l’eau. Ça fait 10 ans que mon entreprise a été créé, que ça fonctionne très très bien, nous sommes tout le temps en évolution, en progression. J’ai deux collègues qui sont là depuis 20 et 30 ans et ça aide énormément.
Qu’est-ce votre carrière de footballeur à pu vous apporter dans le domaine des affaires ?
Pas forcément grand chose mais après j’ai eu la chance d’avoir eu un bac STT qui m’a permis d’avoir quelques notions de comptabilité, de gestion et donc quand j’ai créé l’entreprise il a fallu que j’apprenne tout de A à Z.
Après le foot m’a amené à être un battant et donc à me battre afin d'avoir ce que je veux. J’ai toujours besoin d’avoir des projets et des objectifs à atteindre et j'ai donc créé cette entreprise dans le but qu’elle fonctionne, perdure et progresse. Les valeurs de combativité, de rigueur etd’excellence font partie de mes valeurs de footballeur que je veux retranscrire dans mon entreprise.
Frappés par son humilité et la simplicité qu'il dégage, nous tenons sincèrement à remercier Anthony Deroin d'avoir accepté de nous accorder du temps.
Julien Forte



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