
Portrait : Zoé, pas le même maillot mais la même passion
- 3 oct. 2024
- 4 min de lecture
Zoé a longtemps été joueuse, depuis 2016 elle est également arbitre dans le football.
Elle a accepté de répondre à nos questions :
Comment vous est venue cette passion pour l’arbitrage ?
Je suis devenue arbitre en 2016, ancienne joueuse, mon père était arbitre de foot. Je le suivais sur les terrains les week-end lorsque je n’avais pas match.
En tant que joueuse j’étais méchante, alors mon père m’a demandé si ça m’intéressait de passer la formation arbitre. J’ai accepté et j’ai mordu à la passion de l’arbitrage.
Selon vous, faut-il être joueur pour être un bon arbitre ?
Je pense qu’effectivement, il faut être passé par la case joueur avant d’être arbitre. Ça permet de comprendre la psychologie des joueurs, comme la frustration dont on peut faire preuve pendant le match, la pression, etc
Arbitre depuis 2016, constatez-vous une évolution des mentalités ?
Je constate effectivement une évolution des mentalités.
Sur certains terrains dès lors qu’on est une femme on a l’impression que les joueurs masculins sont sont plus calme et compréhensif. Pour d’autres au contraire, la mentalité est bien pire entre insultes, réflexions, remarques désobligeantes…
Est-ce plus difficile d’arbitrer les équipes féminines ou masculines ?
Je trouve que c’est plus difficile d’arbitrer des équipes féminines. Il est plus facile d’avoir un rapport de confrontation avec son égal de genre. Elles ont moins peur ou font moins attention à nous, alors que certains hommes justement prennent en compte cette différence de genre.
En tant que femme, est-ce plus difficile de se faire une place dans l’arbitrage ?
Non je ne pense pas. Justement les hommes arbitres sont souvent content d’avoir une collègue sur le terrain, ça les changent.
De plus pour passer les niveaux (Fédéraux) il n’y a pas de limite aux présentations de femmes, alors que pour les hommes il y a une limite de quota.
Sauf erreur de ma part, l’arbitrage n’est pas votre activité principale, combien de temps par semaine cela vous prends-il ?
Effectivement, ça n’est pas mon activité principale. Pour être apte sur le terrain je fais 3 à 4 séances de sport par semaine, combinant musculation, cardio et course à pied, si on ajoute les matchs je suis à 7H par semaine (environ 4h pour les matchs + 3 séances de 1H)
Pouvez-vous nous raconter la journée d’un arbitre lors d’un match ?
Le matin donc, préparation du sac, vérifier qu’il ne manque rien (tenue, cartons, sifflet, crampons, carte d’arbitrage).
Au moment du dejeuner, ne pas trop manger, pour éviter de ne pas se sentir mal sur le terrain mais avoir quand même un minimum de forces.
Ensuite direction le match, les arbitres doivent arriver entre 1h et 1h30 avant, afin d’effectuer la vérification des terrains, la mise en place de la tablette, gérer les petits aléas, faire réparer les buts si besoin, contrôler les ballons … Il faut aussi penser à l’échauffement, vérifier les licences et les équipements et on lance ensuite le protocole de coup d’envoi.
Enfin lancement du match : 90 minutes de match minimum sans compter les arrêts.
Fin du match on se serre la main et ensuite il faut encore faire la tablette, mettre les sanctions, les commentaires, les blessures et on fait signer, et enfin nous pouvons aller nous doucher.
Appréciés par tous, on a souvent le droit à un petit truc à boire et à manger avant de repartir.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir arbitre ?
Mon père tout simplement.
Qu’est-ce que l’arbitrage vous apporte et qu’en tant que joueuse vous ne trouvez pas ?
L’arbitrage m’appprends la confiance en soi, m’aide à me canaliser, en tant que joueuse on peut se tromper on n’en entendra pas parler, on ne sera pas jugé sur notre façon d’être.
Un arbitre il faut prendre la confiance dans la prise de décision, même si tu te trompes, il faut être sûr de soi. Si on nous parle mal, nous fait des gestes qui n’ont pas lieu d’être, on doit malgré tout rester calme et garder notre statut d’arbitre.
Vous avez accepté notre demande d’interview, qu’est-ce que vous aviez envie de faire passer à nos lecteurs comme message à travers celle-ci ?
Je veux faire comprendre qu’être arbitre n’est pas facile pour nous, que pour certains les comportements qu’on retrouve sur le terrain sont inacceptables. Que derrières TOUT ÇA, derrière l’arbitre il ne faut surtout pas oublier qu’il y a un humain, oui l’arbitre se trompe, oui il fait des erreurs, oui il n’est pas parfait.
Mais comme tous, quand vous cher joueur vous encaissez un but c’est que la défense n’est pas parfaite, quand vous attaquant vous tirez à côté du but vous n’êtes pas parfait non plus. Un arbitre c’est pareil, alors soyez indulgent et compréhensif.
Aimeriez vous que quelqu’un agisse comme ça avec votre femme, votre sœur, votre fille ?
Mais on aime tous le même sport et la même passion et justement cela ne doit rester qu’une passion.
Merci encore à Zoé pour cette interview et ce message de tolérance.
Morgane D.



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