
Romane Brun, une vie au service du classique
- 19 juil.
- 4 min de lecture
(Photo Romane Brun)
Derrière son regard doux et ses gestes précis, une volonté de fer. Originaire de Caen, Romane Brun vit aujourd’hui à Toulouse où elle s’entraîne chaque jour pour faire de la danse son métier. Rencontre avec une jeune artiste en construction, corps et cœur tournés vers la scène.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Romane Brun, j’ai tout juste 16 ans et je rentre en classe de première. J’ai dansé de 2014 à 2024 à l’École de Danse Nuccia Lucas, près de Caen. Depuis la rentrée 2024, je suis élève à l’Académie Carole Massoutié à Toulouse, une école spécialisée en horaires aménagés.
À quel âge as-tu commencé la danse classique, et pourquoi ce choix ?
J’ai commencé la danse à l’âge de 4 ans par la danse moderne, parce qu’on m’avait dit que j’étais « trop jeune » pour faire du classique. Mais dès l’année suivante, à 5 ans, j’ai insisté pour passer au classique. Je ne sais pas vraiment pourquoi, c’était juste une évidence pour moi : j’avais toujours eu très envie d’en faire.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de poursuivre cette discipline aussi exigeante ?
Chaque année, ma mère me demandait si je voulais continuer, et je répondais toujours oui. À 9 ans, ma professeure m’a proposé de faire des concours, et c’est là que j’ai commencé à avoir cours presque tous les jours. À ce moment-là, je ne voulais pas encore être danseuse, je rêvais de devenir professeure de danse.
C’est vers 11 ans, après un stage à l’Académie Carole Massoutié, que j’ai compris l’exigence de la danse classique. J’ai eu un déclic après un concours où j’ai très bien réussi. J’ai alors réalisé que ce que je voulais vraiment, c’était devenir danseuse. À partir de là, j’ai travaillé sans relâche, dès que j’avais un moment libre, parce que j’avais un rêve à atteindre.
À quoi ressemble une journée type pour toi entre entraînements, échauffements, répétitions ?
Il n’y a pas d’emploi du temps fixe à l’académie, mais voici une journée type :
Je me lève à 6h30, je me prépare, je fais mon chignon — je suis en internat. À 7h45, je suis dans la salle de danse pour m’échauffer.
De 8h30 à 10h : cours de danse avec barre et milieu.
10h à 11h30 : cours de pointes (ou danse de caractère le jeudi, pilates le vendredi).
11h30 à 12h30 : répétitions ou cours de contemporain, selon les jours.
L’après-midi, on a des répétitions, des cours particuliers ou nos cours scolaires à distance (via le CNED).
Le mardi, on a des séances de préparation physique en petits groupes, et certains soirs, on peut réserver des séances de Pilates reformer, qui sont très intenses.
Enfin, le soir, je retourne souvent travailler seule au studio de 18h à 19h.
Comment entretiens-tu ton corps et évites-tu les blessures ?
Avec ce rythme très soutenu, c’est compliqué de se reposer. Les douleurs sont fréquentes, parfois les blessures aussi. Je fais de la kiné quand j’en ai besoin, je dors autant que possible, je bois beaucoup d’eau, je fais attention à mon alimentation. J’utilise aussi des crèmes chauffantes ou anti-inflammatoires, je glace, je m’étire, je me masse. C’est un travail constant pour écouter son corps.
Quelle est, selon toi, la qualité la plus importante pour une danseuse classique ?
La détermination et la persévérance. Plus encore que les qualités physiques. La clé, c’est le travail — et pour ça, il faut être prêt à ne jamais lâcher. Le travail finit toujours par payer.
Comment te prépares-tu mentalement pour un spectacle ?
Pour être bien sur scène, j’ai besoin d’être dans de bonnes conditions mentales. Je m’entoure de positif, je me visualise en train de réussir. J’ai la chance d’être très soutenue par mes parents, ma famille et des personnes du milieu qui comprennent la pression. Ils trouvent toujours les bons mots pour me rassurer.
Qu’est-ce que tu ressens au moment d’entrer en scène ?
Je déteste cette sensation. C’est un mélange d’impatience et de stress, presque insupportable. Mais je sais qu’elle fera toujours partie de ma vie, alors je dois apprendre à l’apprivoiser.
As-tu suivi une formation particulière ?
Oui, depuis 2024, je suis à l’Académie Carole Massoutié à Toulouse, en horaires aménagés. C’est vraiment la meilleure décision que j’ai prise. Je m’y sens épanouie, entourée, et surtout bien accompagnée dans mon projet.
Souhaites-tu un jour transmettre ta passion à travers l’enseignement ou la chorégraphie ?
Oui, c’est un rêve que je garde depuis toute petite. Après ma carrière de danseuse, j’espère vraiment devenir professeure de danse et chorégraphe.
Quelle est ta plus grande fierté en tant que danseuse ?
Je n’ai pas encore de « plus grande fierté », mais je suis très fière de mon parcours et de tous les progrès que j’ai faits. Si je continue à travailler comme je le fais aujourd’hui, j’espère atteindre mes objectifs et ce sera sûrement ma plus grande fierté.
As-tu un moment de scène ou de répétition inoubliable à partager ?
Oui, en décembre 2024, on a présenté un spectacle avec mon école qui s’appelait Le Bal de l’Empereur. J’avais un rôle important : la « Napolitaine ». Dès le premier acte, pendant mon solo, je me suis blessée en sautant et j’ai eu une entorse de Chopart. J’ai quand même terminé mon solo, mais je n’ai pas pu remonter sur scène ensuite. Toute la troupe a dû s’adapter pour cacher mon absence. C’était ma première vraie blessure. Un moment marquant, autant sur le plan physique qu’émotionnel.
Julien Forte



Magnifique bravo pour tes rêves. On était de la même année au collège tous mes encouragements c'est super 💜