
Marion Le Ber : « Une page se tourne, mais je pars avec le sentiment du devoir accompli »
- il y a 20 heures
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(Photo J. Forte Ligne Sport)
Après cinq saisons passées au SM Caen, Marion Le Ber tourne une page importante de sa vie sportive. Blessée et en pleine transition vers un nouveau chapitre personnel et professionnel, elle revient avec lucidité et émotion sur son parcours en rouge et bleu.
Marion, tu quittes le SM Caen après cinq saisons. Quel regard portes-tu sur ton parcours au club ?
Je pense que c’était le bon moment pour moi de tourner cette page. J’ai intégré le club un an après la création de la section féminine, sans vraiment savoir ce que c’était que de jouer dans une structure féminine et semi-professionnelle.
Ces cinq années m’ont énormément appris, autant sur le plan sportif que personnel. Je ne vous cache pas une certaine déception liée à ma blessure, qui est clairement la principale raison de mon arrêt. J’aurai toujours ce petit regret de ne pas avoir pu guérir complètement et revenir sur les terrains.
Mais je crois qu’un cycle devait se fermer. Et j’en avais besoin.
Quand tu es arrivée, quelles étaient tes attentes ? Et qu’as-tu trouvé au sein du groupe caennais ?
C’était une continuité logique pour moi. Je jouais avec les garçons, donc intégrer un effectif féminin me semblait naturel. Et j’ai adoré, même si c’est un univers complètement différent. Comme beaucoup de jeunes filles, mon objectif était d’intégrer un jour le groupe seniors. Le SM Caen m’a offert cette opportunité.
Y a-t-il un match ou une saison qui t’a particulièrement marquée ?
Oui, un match me revient tout de suite : un 32e de finale de Coupe de France contre Issy-les-Moulineaux, il y a deux ans. C’était l’une de mes premières titularisations avec les seniors dans un match à enjeu.
Ironie du sort, je n’avais pas fait mon meilleur match : deux cartons jaunes, donc un rouge. Pourtant, je garde un super souvenir de ce moment, parce que le groupe a été là, m’a soutenue avant le match et encore plus après. Ce match m’a appris beaucoup.
Tu as été l’une des cadres du vestiaire. Comment décrirais-tu la mentalité du groupe et l’état d’esprit caennais ?
Le mot qui me vient, c’est résilience. On donne tellement de nous-mêmes, que ce soit dans notre vie perso ou pro, pour ce sport… Rien n’est simple, mais on se comprend toutes, on partage les mêmes contraintes et les mêmes sacrifices. Et c’est ça qui faisait notre force.
Pourquoi est-ce le bon moment pour tourner la page ?
Je viens de vivre une saison blanche à cause d’une pubalgie qui n’est toujours pas guérie. Reprendre dans ces conditions n’aurait pas de sens, surtout avec un emploi du temps déjà chargé entre mes études de droit et mon job étudiant.
J’avoue que j’ai un pincement au cœur de partir au moment où le club cherche à relancer la section féminine. Mais mon entrée en master m’a aidée à prendre cette décision.
Qu’est-ce que tu retiens le plus de ton passage ici ?
Mon évolution mentale, sans hésiter. J’ai gagné en maturité au fil des saisons. J’ai connu tous les rôles, de cadre en U18 à jeune en seniors, et j’ai appris de chacun.
Et je retiens surtout la rigueur qu’on nous a inculquée. Je pars fière d’avoir réussi à gérer pendant plus de trois ans un triple engagement : un sport au niveau national, des études exigeantes en droit et des petits boulots à côté. C’était un vrai défi.
Quel message souhaites-tu adresser aux supporters, aux bénévoles, à tes coéquipières ?
Merci. Merci aux supporters qui sont de plus en plus présents, à mes coéquipières et à tous les membres du staff qui m’ont permis de grandir, sportivement et humainement. Ce projet, on y met toutes et tous beaucoup d’énergie, et c’est important que ce soit reconnu.
Et pour la suite, tu as déjà une idée ?
Je vais poursuivre mes études de droit en master dès la rentrée. Côté sportif, je continuerai à faire du sport, mais plus en club. Ce n’est pas qu’une page qui se tourne avec le SM Caen, c’est une page qui se tourne avec le foot tout court.
Si tu devais résumer ces cinq années en un mot ou une phrase ?
Reconnaissance. Pour tous les staffs que j’ai croisés, pour toutes les filles avec qui j’ai joué, pour tout ce que j’ai vécu ici.
Julien Forte
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